
LA UNE
🇹🇭 Thaïlande – 🇰🇭 Cambodge • Escalade de tensions aujourd’hui, des tirs font plusieurs morts
Des échanges de tirs nourris ont éclaté le long d’une zone frontalière disputée entre la Thaïlande et le Cambodge, tuant au moins 11 civils thaïlandais et un soldat, selon les autorités de Bangkok. Plusieurs dizaines de blessés sont recensés, tandis que des milliers d’habitants des provinces frontalières ont fui dans l’urgence.
Les 2 armées s’accusent d’avoir ouvert le feu en premier. Côté thaïlandais, l’armée affirme que des roquettes venues du Cambodge ont frappé des villages dans 4 provinces, forçant l’envoi d’avions de chasse F‑16 pour riposter. Phnom Penh assure au contraire que des tirs ont visé ses troupes près du temple de Prasat Ta Muen Thom, un site ancien revendiqué par les 2 pays. Dans le district cambodgien de Samraong, des habitants rapportaient encore des coups de feu des heures après les premières salves.
Ces affrontements marquent le pire épisode de violence depuis 2011 dans un contentieux vieux d’un siècle, hérité de frontières coloniales floues et de décisions inabouties de la Cour internationale de justice. Ils surviennent alors que la Thaïlande traverse une grave crise politique : la Première ministre Paetongtarn Shinawatra, fragilisée par un appel téléphonique controversé avec Hun Sen, l’ex‑homme fort cambodgien, a été suspendue et affronte des appels à la démission.
À Phnom Penh, le Premier ministre Hun Manet a dénoncé « une invasion armée », tandis que Bangkok a évoqué « une agression ». Des temples classés au patrimoine mondial, dont celui de Preah Vihear, ont été endommagés. La Chine tente de se poser en médiatrice, rappelant son rôle de principal partenaire économique des 2 pays, et les appels à la désescalade se multiplient, notamment depuis l’ASEAN.
Loin de se limiter à un incident local, cette flambée de violence pourrait rebattre les cartes dans une région où les rivalités historiques se mêlent à l’influence grandissante de Pékin et aux inquiétudes vis‑à‑vis de Washington. Les prochaines heures seront décisives pour éviter que l’affrontement n’enfle au‑delà. The New York Times
EN BREF
🇨🇳 Chine – 🇪🇺 Union européenne • Un sommet tendu mais quelques avancées
Le 25ᵉ sommet Chine‑UE s’est clos aujourd’hui à Pékin sur fond de tensions persistantes entre les 2 blocs. Ursula von der Leyen a mis en garde Pékin contre son soutien à Moscou, qualifiant les échanges de « francs et directs ». Xi Jinping a rejeté les accusations, estimant que les difficultés européennes ne venaient pas de la Chine en dénonçant tout projet de découplage économique.
Malgré les divergences, un accord a été signé sur la coopération climatique, incluant transition énergétique, méthane et marchés carbone. Pékin et Bruxelles ont aussi convenu de créer un mécanisme pour faciliter l’accès des entreprises européennes aux terres rares, après des restrictions chinoises qui avaient perturbé l’industrie automobile.
En revanche, aucun progrès immédiat sur le déficit commercial de 300 milliards d’euros ni sur la relance de la consommation intérieure chinoise, 2 dossiers jugés cruciaux par Bruxelles.
Analyse • Il va falloir trouver un modus operandi avec la Chine : l’Europe ne peut pas mener de guerre commerciale sur tous les fronts. Même après accord avec Trump (si accord il y a), les droits de douane américains “plancher” vont affaiblir les exportations européennes, qui devront trouver d’autres débouchés. On est sur un exercice d’équilibrisme particulièrement compliqué.
🇺🇦 Ukraine • Zelensky amorce un recul sur la loi anti-corruption, sous la pression de la rue et de ses alliés européens
Face aux dizaines de milliers de manifestants à Kyiv, Volodymyr Zelensky a annoncé un projet de loi garantissant l’indépendance des agences anticorruption. Le projet de loi initial voté cette semaine, visant à placer ces organes sous le contrôle de son procureur général, a déclenché la plus grande vague de protestations depuis 2022 et provoqué la colère de l’UE et du G7. Zelensky affirme avoir pris conseil auprès du Premier ministre britannique Keir Starmer et promet que la voix des citoyens sera entendue. The Financial Times
Analyse • La position de Zelensky était intenable. Dépendant de l’aide militaire européenne et américaine, il n’avait pas le choix que de donner un signal de recul à ses partenaires et à son opinion publique. Le signal envoyé cette semaine était désastreux et prêtait le flanc à la propagande russe en minant les efforts consentis depuis 2015 en matière de lutte anticorruption (même si le chemin parcouru n’est toujours pas suffisant pour être aux standards européens).
Moscou a lancé hier de vastes manœuvres maritimes impliquant plus de 150 navires et 15 000 militaires dans le Pacifique, l’Arctique et la Baltique. L’exercice, baptisé «Tempête de Juillet », se déroule jusqu’au 27 juillet et prévoit des opérations anti‑sous‑marines, des tirs longue portée et l’emploi de drones. Plus de 120 avions et 10 systèmes côtiers de missiles participent, sous la direction de l’amiral Moiseev. Reuters
Analyse • Ces démonstrations de force visent à restaurer la crédibilité de la marine russe. La flotte russe, 3e mondiale, a subi de grosses pertes depuis le début de la guerre en Ukraine et n’est toujours pas capable de maîtriser les eaux de la Mer noire.
🇨🇳 Chine – 🇮🇳 Inde – 🇧🇩 Bangladesh • Un méga‑barrage au Tibet alarme ses voisins
La Chine a lancé le 19 juillet la construction d’un gigantesque barrage sur le fleuve Yarlung Tsangpo, au Tibet, projeté comme le plus grand et le plus puissant du monde (l’équivalent en production de la totalité du parc nucléaire français). Pékin veut produire 3 fois plus d’électricité que le barrage des Trois Gorges et afficher sa puissance technologique, tout en exploitant l’immense potentiel hydraulique de la région.
Mais ce chantier à 155 milliards d’euros inquiète l’Inde et le Bangladesh, qui redoutent un contrôle stratégique du débit du fleuve Brahmapoutre et du Jamuna. Les 2 pays craignent des effets dévastateurs sur l’irrigation et la sécurité alimentaire, voire l’usage du barrage comme levier politique en période de tension. France 24
Analyse • On est là sur des sujets majeurs du XXIe siècle : l’accès à l’eau et la production d’énergie tout autour de la planète. L’économie chinoise a des besoins gigantesques en énergie, et Pékin est adepte des pressions non-militaires. La gouvernance des fleuves va se poser de manière de plus en plus aiguë dans les années qui viennent, avec la raréfaction des ressources en eau potable.
🇩🇪 Allemagne – 🇹🇷 Turquie • Feu vert pour la livraison de 40 Eurofighter
Le gouvernement allemand a validé la demande turque d’acquérir jusqu’à 40 avions de combat Eurofighter Typhoon. La décision, prise par le Conseil fédéral de sécurité, permet au consortium mené par BAE Systems de lancer la production avec des composants allemands. Ankara a garanti que ces appareils ne seraient pas utilisés contre un autre membre de l’Otan. Selon Der Spiegel, le contrat pourrait atteindre 4,75 milliards d’euros et relance les exportations d’armement vers la Turquie après des années de blocage politique. Der Spiegel
Analyse • Cette vente est vue d’un mauvais oeil par la Grèce (dont les relations sont très tendues avec la Turquie, autour de zones maritimes contestée et de Chypre divisée en 2), et par Israël qui ne souhaite ne pas voir son hégémonie militaire dans la région contestée. Un signal fort ces derniers jours : la Syrie a demandé à Ankara s’assurer une partie de sa protection aérienne, actant la mauvaise volonté de Tel Aviv (notamment suite aux bombardements israéliens de ces derniers jours), malgré des mains tendues répétées.
🇺🇸 États‑Unis • Une faille SharePoint touche l’agence nucléaire américaine
Un piratage de Microsoft SharePoint a permis à des hackers soutenus par Pékin d’infiltrer plusieurs réseaux, dont celui de la National Nuclear Security Administration, l’agence chargée de l’arsenal nucléaire américain. Selon Bloomberg, aucune donnée classifiée ne semble avoir été compromise, mais l’incident révèle des vulnérabilités critiques. Bloomberg