
LA UNE
🇮🇳 Inde - 🇪🇺 Union Européenne • Un accord de libre-échange qui peine à voir
L’Union européenne et l’Inde veulent sceller d’ici la fin de l’année un accord de libre-échange attendu depuis près de 20 ans. Bruxelles espère ouvrir un marché de plus d’un milliard de consommateurs, tandis que New Delhi cherche à compenser la perte de débouchés américains après l’imposition de droits de douane punitifs de 50 % par Washington. Mais trois sujets majeurs freinent les négociations.
Premier point de blocage : la taxe carbone aux frontières de l’UE, prévue pour 2026. L’Inde réclame pour son acier une exemption similaire à celle obtenue par les entreprises américaines. Bruxelles hésite, craignant de fragiliser la crédibilité de son mécanisme de transition énergétique.
Deuxième front : l’agriculture. L’Inde refuse d’ouvrir son marché, qui emploie encore 45 % de sa population active. L’accès aux produits laitiers européens reste particulièrement sensible. Les surtaxes de 30 à 40 % auxquelles s’ajoute une TVA de 12 % rendent les fromages européens inabordables pour le consommateur indien. Or, 80 millions de foyers vivent de la production laitière locale, ce qui pousse New Delhi à protéger ce secteur.
Troisième dossier explosif : l’automobile. Avec plus de 4 millions de voitures vendues par an, l’Inde n’importe que 15 000 véhicules, protégés par des droits pouvant atteindre 100 %. Si l’ouverture inquiète les constructeurs locaux comme Tata ou Mahindra, elle pourrait profiter à des marques européennes déjà implantées, telles que Renault ou Volkswagen. Un compromis semble toutefois envisageable : une réduction partielle des taxes en échange d’un meilleur accès des équipementiers indiens au marché européen.
Malgré ces tensions, les deux partenaires accélèrent. L’UE reste le deuxième partenaire commercial de l’Inde, avec 120 milliards d’euros d’échanges en 2024. Les prochaines semaines seront décisives pour savoir si la pression économique et politique suffira à surmonter ces divergences. Les Échos
EN BREF
🇮🇱 Israël - 🇵🇸 Palestine • L’armée israélienne poursuit son assaut sur Gaza, où près d’un demi-million de personnes restent bloquées malgré l’ouverture d’un nouveau couloir d’évacuation. Un comité de l’ONU accuse Israël de génocide, accusation rejetée par Tel-Aviv, alors que les bombardements ont fait près de 100 morts et 400 blessés en 24 heures. Les ONG alertent sur la famine et des enfants traumatisés par les frappes.
🇪🇺 Union européenne - 🇮🇱 Israël • La Commission européenne a proposé de suspendre certaines dispositions de l’accord d’association UE-Israël afin de taxer davantage les produits israéliens importés. L’initiative, présentée par la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas, vise aussi à sanctionner deux ministres d’extrême droite du gouvernement Netanyahu, ainsi que des colons violents et des cadres du Hamas. Cette annonce intervient après l’incursion de l’armée israélienne à Gaza-ville, dénoncée par Bruxelles comme un facteur aggravant de la crise humanitaire. Les Vingt-Sept doivent valider la mesure le 20 octobre.
🇵🇱 Pologne - 🇷🇴 Roumanie - 🇪🇺 Union européenne - 🌍 OTAN • Après plusieurs incursions de drones russes dans leur espace aérien, dont une attaque en Pologne et une intrusion en Roumanie, l’Otan et l’UE veulent adapter leur défense. L’Alliance a lancé l’opération « sentinelle orientale » pour protéger son flanc est, tandis que Bruxelles prône la création d’un « mur de drones » et annonce une alliance avec Kiev pour industrialiser ses technologies. Moins coûteuses et plus adaptées, ces innovations ukrainiennes inspirent déjà la Lituanie et la Lettonie, alors que Varsovie plaide pour une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine.
🇷🇺 Russie - 🇺🇦 Ukraine • Les exportations maritimes de brut russe ont chuté à 3,18 millions de barils par jour, leur plus fort recul depuis juillet 2024, après des frappes ukrainiennes sur les terminaux baltiques de Primorsk et d’Ust-Luga. Les flux depuis Primorsk sont tombés à leur plus bas niveau depuis fin juillet et ceux d’Ust-Luga ont été divisés par deux. Cette baisse a entraîné une perte de revenus d’environ 372 millions de dollars en une semaine, soit 1,28 milliard de recettes. Ces attaques, qui visent désormais ports et stations de pompage, ravivent les craintes d’un impact durable sur l’offre mondiale.
🇬🇷 Grèce - 🇫🇷 France • Athènes va acquérir une quatrième frégate Belharra auprès de Paris, a annoncé le ministre grec de la Défense. Le navire, baptisé Thémistocle, s’inscrit dans l’accord stratégique signé en 2021 qui prévoyait déjà l’achat de 24 Rafale et trois frégates pour plus de 5,5 milliards d’euros. Cette décision intervient dans un contexte de modernisation militaire sans précédent, la Grèce ayant annoncé consacrer 25 milliards d’euros à sa défense. Membre clé de l’Otan en Méditerranée, le pays cherche à renforcer ses capacités face aux tensions régionales, notamment avec la Turquie.
🇪🇺 Union européenne • À deux mois de la COP30 au Brésil, les Vingt-Sept peinent à s’accorder sur leurs objectifs climatiques. La Commission proposait une réduction de 90 % des émissions d’ici 2040, mais la France et l’Allemagne ont obtenu que ce point soit discuté au sommet européen d’octobre. En attendant, seule une « fourchette d’intention » pour 2035, entre –66,25 % et –72,5 %, pourrait être transmise à l’ONU. Ce compromis provisoire est jugé insuffisant par beaucoup, qui craignent pour la crédibilité internationale de l’UE, fragilisée par ses divisions internes.
🇦🇷 Argentine • Après une défaite électorale à Buenos Aires face aux péronistes, Javier Milei a présenté un budget 2026 marquant un virage. Le président argentin prévoit des hausses réelles de 17 % pour la santé, 8 % pour l’éducation et 5 % pour les retraites et pensions des handicapés, affirmant que « le capital humain est la priorité ». Ce changement de ton tranche avec ses vetos répétés aux dépenses sociales depuis 2023. Tout en maintenant un excédent budgétaire de 2,2 % du PIB exigé par le FMI, Milei a rassuré les marchés, la Bourse de Buenos Aires progressant de 4,4 %.