Netanyahou prône un « Grand Israël »

LA UNE

En pleine tension diplomatique, Benyamin Netanyahou a affirmé à la télévision son adhésion à la « vision » d’un « Grand Israël », reprenant le rêve ultranationaliste d’un État englobant la Cisjordanie, mais aussi des territoires en Jordanie, au Liban et en Syrie. Cette déclaration a déclenché une vague de condamnations dans le monde arabe : l’Égypte y voit une « provocation à l’instabilité », la Jordanie une « menace à la souveraineté », tandis que l’Arabie saoudite et la Ligue arabe dénoncent des « intentions expansionnistes » . L’Irak a fustigé des « ambitions » qui violent le droit international.

Dans ce climat, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a validé un plan de colonisation dans la zone E1, entre Jérusalem-Est et Maalé Adoumim, gelé depuis 2012 sous pression internationale. Ce projet couperait la Cisjordanie en deux et, selon Smotrich, « enterrerait l’idée d’un État palestinien » en rendant impossible toute partition. Il appelle même à appliquer la souveraineté israélienne sur l’ensemble de la « Judée-Samarie » avant septembre, date à laquelle plusieurs pays prévoient de reconnaître la Palestine. L’Autorité palestinienne réclame une intervention et des sanctions pour bloquer cette expansion, qualifiée par l’ONG israélienne La Paix maintenant de « fatal[e] pour l’avenir d’Israël et toute chance de paix ».

Ces développements surviennent alors qu’un groupe de 15 États, dont la France, l’Australie et le Canada, a lancé fin juillet un appel à la reconnaissance internationale de la Palestine lors de l’Assemblée générale de l’ONU prévue le 9 septembre . Si cette dynamique se confirme, plus de 145 pays sur 193 membres de l’ONU reconnaîtraient officiellement l’État palestinien. Londres pourrait suivre, sous conditions. Pour Israël, cette vague diplomatique menace de renforcer son isolement, tandis que sur le terrain, les mesures annoncées semblent viser à en neutraliser les effets.

EN BREF

🇷🇺 Russie - 🇺🇸 États-Unis • À la veille de leur rencontre, Moscou veut élargir les discussions entre Vladimir Poutine et Donald Trump au commerce et au contrôle des armements, au-delà de la crise ukrainienne. Le Kremlin souhaite inclure la reprise des liens économiques et la négociation sur les armes nucléaires stratégiques, alors que le traité de réduction signé en 2011 arrive à expiration en février prochain. La délégation russe comptera notamment les ministres des Affaires étrangères, des Finances et de la Défense, signe de l’importance accordée à ces sujets. Pendant ce temps, les frappes de drones se poursuivent : jeudi, des attaques ukrainiennes ont touché Rostov-sur-le-Don et Belgorod. L’armée russe annonce s’être emparée de deux villages dans l’est de l’Ukraine. The New York Times

🇵🇸 Palestine • Aucun hôpital public n’est pleinement opérationnel dans la ville de Gaza, où les besoins médicaux explosent après bientôt deux ans de guerre. Les soins se font sans antibiotiques ni anesthésie, 55 000 femmes enceintes souffrent de malnutrition et 12 000 enfants de moins de cinq ans présentent une malnutrition aiguë. Selon l’ONU, la destruction du système de santé équivaut à un « médicide ». Plus de 1 500 soignants ont été tués depuis mai, d’autres arrêtés ou torturés. La moitié des hôpitaux et 38 % des centres de soins ne fonctionnent que partiellement, avec un taux d’occupation atteignant 300 % dans certains établissements. Les attaques de colons en Cisjordanie ont atteint un niveau jamais connu, selon The New York Times.

🇵🇸 Gaza • Plus de 100 ONG dénoncent de graves entraves à l’acheminement de l’aide dans l’enclave palestinienne, malgré un léger assouplissement du blocus israélien en juillet. Depuis le 2 mars, la plupart n’ont rien pu faire entrer, et des millions de dollars d’aide restent bloqués en Jordanie et en Égypte. Elles critiquent un nouveau système d’enregistrement israélien imposant la transmission de données personnelles de leurs employés palestiniens et sanctionnant toute « délégitimation » d’Israël. Les ONG alertent sur la famine, le manque de vivres et la pression extrême sur les hôpitaux, tandis que les frappes s’intensifient sur la ville de Gaza.

🌍 ONU • À Genève, 184 pays peinent à s’accorder sur un traité contre la pollution plastique. Hier, un projet de texte de synthèse d’une dizaine de pages a été massivement rejeté, seule l’Inde l’ayant accepté comme base de discussion. Jugé « déséquilibré » et trop favorable aux intérêts pétroliers, il renvoyait l’essentiel des mesures au niveau national et sans caractère contraignant. Les négociations, entamées le 5 août, doivent s’achever ce soir à minuit, voire se prolonger, pour tenter d’aboutir à un accord juridiquement contraignant visant à limiter la production mondiale de plastique, dont moins de 10 % est recyclé.

🇸🇾 Syrie • Les violences contre la minorité alaouite pourraient constituer des crimes de guerre, alerte l’ONU. Une commission d’enquête onusienne a conclu que les exactions menées en mars par les forces du nouveau pouvoir et leurs alliés sur la côte syrienne étaient « généralisées et systématiques », visant surtout des civils alaouites, et auraient fait environ 1 700 morts. Le rapport documente meurtres, torture, incendies et pillages, ainsi que des exécutions sommaires parfois après séparation des hommes, femmes et enfants. Des forces pro-Assad seraient aussi impliquées. L’ONU appelle à juger tous les responsables, quelle que soit leur affiliation.

🇨🇳 Chine - 🇹🇭 Thaïlande - 🇰🇭 Cambodge • Pékin a accueilli les ministres thaïlandais et cambodgien des Affaires étrangères pour discuter de la fragile trêve à leur frontière. Cette rencontre intervient après une série d’explosions de mines antipersonnel ayant blessé 12 personnes en un mois, malgré un cessez-le-feu conclu récemment. La Chine, qui se positionne comme médiatrice, a appelé les deux voisins à maintenir le dialogue et à éviter toute escalade, alors que la zone reste sous haute tension depuis plusieurs échanges de tirs en juillet.

🇮🇳 Inde - 🇨🇳 Chine • New Delhi et Pékin discutent de relancer leur commerce frontalier, interrompu depuis cinq ans, signe d’un possible dégel. La reprise, à faible volume mais à forte portée symbolique, intervient alors que leurs relations avec Washington se tendent, Donald Trump menaçant de doubler les droits de douane sur les importations indiennes si New Delhi ne cesse d’acheter du pétrole russe. Après la visite en juillet du ministre indien des Affaires étrangères à Pékin, son homologue chinois est attendu à New Delhi lundi. La presse évoque aussi une possible visite de Narendra Modi en Chine fin août, la première depuis 2018.

🇨🇳 Chine - 🇵🇭 Philippines • Un avion de chasse chinois a intercepté un appareil philippin avec des journalistes à bord au-dessus du récif de Scarborough, zone disputée en mer de Chine méridionale. L’incident, marqué par des manœuvres jugées agressives à moins de 60 mètres de l’appareil, intervient après une collision entre deux navires chinois cherchant à bloquer une mission d’approvisionnement philippine. Le même jour, Pékin a affirmé avoir « chassé » un destroyer américain, ce que Washington dément, assurant mener des opérations de navigation légales à proximité du récif. Le Parisien

🇨🇮 Côte d’Ivoire • La présidentielle du 25 octobre 2025 entre dans sa dernière ligne droite avec le dépôt des candidatures et la récolte des parrainages. Après la révision de la liste électorale, arrêtée à 8,7 millions d’inscrits et marquée par l’exclusion de figures comme Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, Guillaume Soro et Tidjane Thiam, les aspirants au scrutin ont jusqu’au 26 août pour déposer leur dossier complet auprès de la Commission électorale indépendante. Ils doivent aussi réunir 1 % de parrainages dans au moins 17 des 33 régions du pays. La campagne officielle se tiendra mi-octobre, suivie du vote du 25 octobre, avec un second tour éventuel fin novembre. Le président sortant Alassane Ouattara brigue un quatrième mandat.

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