LA UNE

🇬🇧 Royaume-Uni – 🇵🇸 Palestine • Londres menace de reconnaître un État palestinien si Israël ne décrète pas un cessez-le-feu

Le Royaume-Uni reconnaîtra officiellement l’État de Palestine en septembre, sauf si Israël accepte un cessez-le-feu durable et s’engage dans un véritable processus de paix. C’est l’avertissement lancé par le Premier ministre Keir Starmer, confronté à une pression interne croissante et à une situation humanitaire décrite comme « catastrophique » à Gaza. Cette annonce fait suite à celle de la France la semaine dernière, qui tente d’entraîner avec elle d’autres pays occidentaux (notamment le Canada et le Japon, en plus du Royaume-Uni).

Le chef du gouvernement travailliste a convoqué un conseil des ministres exceptionnel, interrompant les congés d’été, pour approuver une feuille de route de paix au Proche-Orient. Celle-ci prévoit une reconnaissance unilatérale de l’État palestinien avant l’Assemblée générale de l’ONU de septembre, à moins qu’Israël ne remplisse une série de conditions : cessez-le-feu immédiat à Gaza, engagement formel contre toute annexion supplémentaire en Cisjordanie et reprise de négociations pour une solution à 2 États.

Cette inflexion marque un tournant historique dans la diplomatie britannique. Longtemps aligné sur les positions américaines, Londres s’émancipe de Washington — Donald Trump, en visite en Écosse, a affirmé « ne pas s’opposer » à la démarche britannique sans la soutenir lui-même. Starmer, lui, justifie cette décision par l’effondrement des perspectives de paix : « Notre objectif reste un Israël sûr aux côtés d’un État palestinien viable et souverain. Mais cet objectif n’a jamais été aussi menacé. C’est maintenant qu’il faut agir. »

L’initiative britannique s’inscrit dans un effort coordonné avec Paris et Berlin, qui ont récemment réaffirmé leur volonté commune de pousser vers une paix durable. Elle répond aussi à une attente de l’opinion publique britannique, de plus en plus choquée par les images de civils affamés et les frappes israéliennes. Plusieurs figures majeures du gouvernement, dont la vice-Première ministre Angela Rayner et la ministre de l’Intérieur Yvette Cooper, ont plaidé pour une reconnaissance immédiate.

Reste à savoir si cette pression portera ses fruits. Le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou rejette toute concession et poursuit ses opérations militaires, tandis que Starmer a clairement posé des lignes rouges aussi à destination du Hamas : libération des otages, désarmement, acceptation du cessez-le-feu, et retrait de toute ambition politique à Gaza.

« Aucune des deux parties n’a de droit de veto sur notre décision », a insisté Starmer. En d’autres termes : sauf volte-face majeure d’Israël, la Palestine pourrait obtenir en septembre ce que des décennies de diplomatie n’avaient jamais réussi à lui garantir.

Le ministère de la Santé de Gaza a annoncé aujourd’hui un bilan de plus de 60 000 morts depuis le début de l’offensive israélienne, le 7 octobre 2023. Ce chiffre inclut combattants et civils, mais plus de la moitié des victimes seraient des femmes et des enfants. Des experts indépendants estiment que ce total est probablement sous-évalué, notamment en raison de la désorganisation des hôpitaux et de l’impossibilité d’accéder aux zones les plus touchées. The Guardian

Opinion • Comme lors de l’annonce similaire de la France, il va falloir attendre le mois de septembre pour voir des avancées concrètes dans la reconnaissance d’un État palestinien. Cette reconnaissance britannique est présentée comme une punition ou un moyen de pression contre Israël, et cela a de quoi interpeller !

Starmer marche sur des oeufs et est confronté à une quadruple pression :

• Celle de son propre parti et celle d’une part de l’opinion publique. 131 députés travaillistes ont signé il y a quelques jours une déclaration appelant à cette démarche de reconnaissance.

• Celle de Reform UK, le parti d’extrême-droite de Nigel Farage, qui est aligné sur les positions de Netanyahou. Reform est en tête des intentions de vote pour les prochaines législatives.

• Celle des États-Unis, qui lui fournissent des armes et sont encore un élément clef de la défense du Royaume-Uni, notamment sur le plan nucléaire. Or Washington est notoirement en phase avec Tel Aviv dans l’immense majorité des cas.

• Celle de la France, dont le Royaume-Uni s’est rapproché et qui tente de créer un mouvement de reconnaissance mutuelle pour l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre.

On rappellera, à toutes fins utiles, que Keir Starmer était avocat spécialiste des droits de l’homme avant son élection au parlement en 2015.

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EN BREF

🇮🇷 Iran • Guerre, canicule et pénuries plongent l’économie dans la crise

Un mois après la guerre éclair avec Israël, l’Iran s’enfonce dans une double crise. Le pays affronte des températures caniculaires inédites, dépassant les 50 °C dans certaines régions, provoquant des pénuries massives d’eau et d’électricité. Les coupures quotidiennes désorganisent les villes, paralysent les entreprises et vident les barrages, déjà fragilisés par une mauvaise gestion chronique.

L’économie iranienne, étouffée par l’inflation et les sanctions, vacille. Le PIB stagne, le rial plonge, les salaires sont versés en retard voire suspendus, et l’inflation dépasse 57 %. Selon les économistes, la situation est aggravée par des choix politiques incompatibles : objectifs démesurés de croissance démographique, autosuffisance agricole irréaliste, corruption endémique et investissements détournés vers les Gardiens de la Révolution.

Le conflit de juin avec Israël, qui a fait plus de 1 000 morts, a porté un coup supplémentaire à une économie exsangue. Internet a été coupé, mettant à l’arrêt le secteur numérique, et plus de 20 000 cyberattaques auraient visé les infrastructures financières du pays. Résultat : les salaires militaires gelés, des crypto-actifs effacés, et le rial encore dévalué.

Les perspectives restent sombres : un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté, les températures extrêmes vont se prolonger, et les tensions régionales, notamment avec Israël, demeurent élevées. RFI

🇮🇱 Israël – 🇵🇸 Palestine – 🇫🇷 France • Paris dénonce un « acte de terrorisme » après le meurtre d’un militant palestinien

La France a fermement condamné le meurtre d’Awdah Hathaleen, enseignant et militant palestinien anti-colonisation, abattu hier en Cisjordanie par un colon israélien. Le Quai d’Orsay dénonce des « actes de terrorisme » et appelle Israël à sanctionner les responsables.

Hathaleen, figure de la résistance civile dans le village d’Umm al-Khair, au sud d’Hébron, aurait été visé par des tirs alors qu’il s’interposait à l’arrivée d’un bulldozer. Une vidéo identifie le colon Yinon Levi, déjà sanctionné par l’UE et les États-Unis, comme le tireur présumé. Ce dernier aurait ouvert le feu après une altercation sur des terres agricoles. La police israélienne a annoncé l’arrestation d’un suspect et l’ouverture d’une enquête.

Réalisateur du documentaire No Other Land, Hathaleen s’était engagé contre la colonisation israélienne dans la zone de Masafer Yatta, menacée d’expulsion par décision de la Cour suprême israélienne. Son assassinat porte à plus de 960 le nombre de Palestiniens tués en Cisjordanie depuis début 2022, selon l’AFP. Le Nouvel Obs

🇺🇸 États-Unis – 🇦🇺 Australie – 🇬🇧 Royaume-Uni • L’alliance AUKUS en péril, faute de sous-marins

Le futur chef de la marine américaine sonne l’alarme : les États-Unis ne pourront pas honorer leurs engagements dans le cadre d’AUKUS sans doubler leur capacité de production de sous-marins nucléaires. Devant le Sénat, l’amiral Daryl Caudle a reconnu que le rythme actuel de livraison – 1,2 submersible Virginia par an – est très insuffisant pour en fournir 3 à l’Australie, comme le prévoit l’accord. Il estime qu’un « effort transformationnel » est nécessaire, évoquant une hausse de 100 % de la cadence.

En parallèle, Canberra a déjà versé en juin un 2e chèque de 800 millions de dollars à Washington pour soutenir cette production, alors même que le Pentagone avait lancé une revue discrète du programme. L’incertitude grandit à mesure que l’administration Trump remet l’accent sur la doctrine « America First », fragilisant la coopération industrielle au cœur du pacte.

Dans ce contexte tendu, la confiance des alliés vacille. Le nouveau coordinateur maritime nommé par Trump a qualifié l’Australie de « partenaire capricieux » et souhaite utiliser AUKUS pour obtenir une base navale permanente à Perth. L’avenir du pilier militaire de l’alliance trilatérale semble désormais suspendu aux arbitrages budgétaires et politiques de Washington. The Sydney Morning Herald

🇨🇮 Côte d’Ivoire • Alassane Ouattara briguera un 4e mandat présidentiel

Alassane Ouattara a officialisé aujourd’hui sa candidature à un 4e mandat présidentiel, lors du scrutin prévu le 25 octobre 2025. Dans une déclaration diffusée sur les réseaux sociaux, le président ivoirien de 83 ans a affirmé que sa décision s’appuyait sur la Constitution, qui lui permet un nouveau mandat, et sur sa santé, qu’il juge “compatible” avec la fonction.

Longtemps ambigu sur ses intentions, Ouattara revient ainsi sur sa promesse de 2020 de ne pas se représenter, qu’il justifie par “le devoir qui peut transcender la parole donnée de bonne foi”. Ce revirement était pressenti depuis plusieurs mois, ses soutiens le présentant comme le “candidat naturel” du pouvoir. Il reste en effet le pilier incontesté de la majorité, après avoir été élu avec 83 % des voix en 2015 et 94 % en 2020, à la suite d’une révision constitutionnelle controversée.

Mais ce nouveau tour de piste soulève de vives critiques. L’opposition dénonce des « dérives autoritaires » et l’exclusion des principaux adversaires politiques, écartés par des décisions judiciaires. En 2020, l’annonce de sa candidature avait déjà provoqué une grave crise politique et 85 morts dans des violences post-électorales. France 24

🇧🇷 Brésil • Pix, arme de souveraineté contre l’hégémonie américaine

Lancé en 2020 par la banque centrale du Brésil, le système de paiement gratuit et instantané Pix s’est imposé comme le mode de transaction préféré des Brésiliens, devant les cartes bancaires et l’argent liquide. En avril 2025, il a traité plus de 410 milliards d’euros de paiements. Accessible à tous via les applications bancaires, y compris pour les travailleurs informels, Pix favorise l’inclusion financière et renforce l’autonomie économique des plus pauvres.

Ce succès agace Washington. Après l’échec de WhatsApp Pay au Brésil, Meta a dû renoncer à son propre système. L’administration Trump a répliqué par une enquête commerciale et de nouvelles taxes douanières, dénonçant des pratiques "déloyales". Le président Lula a rétorqué : « Le Pix est à nous, my friend ! » Pour Brasilia, l’enjeu est clair : garantir une souveraineté numérique et bancaire, indépendante des grandes plateformes américaines. Le Monde