
LA UNE
🇸🇩 Soudan • Massacre à Zamzam, mercenaires à Nyala : la guerre s’internationalise
Au Soudan, la guerre entre l’armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) prend une dimension de plus en plus internationale, sur fond de crimes de masse et d’ingérences étrangères. Plus de 1 500 civils auraient été massacrés en avril par les FSR dans le camp de déplacés de Zamzam, au Darfour du Nord. Une enquête du Guardian révèle que le carnage, passé sous silence, pourrait même approcher les 2 000 morts, dans un camp vidé de ses habitants et désormais transformé en base militaire.
Dans le même temps, un avion émirati transportant des mercenaires colombiens a été détruit le 6 août par l’armée régulière à son atterrissage à Nyala, bastion des FSR dans le Darfour du Sud. Abou Dhabi, déjà accusé d’approvisionner les FSR en drones via cette ville, est soupçonné de financer ces mercenaires. Des vidéos et documents, relayés par Khartoum, témoigneraient de leur présence à El-Fasher, dernière grande ville de la région sous contrôle gouvernemental.
Une enquête du Center for Information Resilience établit par ailleurs la présence d’un camp militaire FSR dans le désert libyen, utilisé comme base arrière. Le matériel, les hommes et les commandants repérés en Libye ont été identifiés quelques jours plus tard à Zamzam. Depuis, les FSR affermissent leur emprise territoriale, renforcés par une logistique triangulaire entre la Libye, les Émirats et le Darfour. Face à ces révélations, les appels à une réaction internationale restent faibles. Pourtant, l’ONU parle déjà de « crimes de guerre » en cours au Darfour.
Depuis 2023, on estime à 150 000 le nombre de morts, 700 000 malnutris (dont plus de 500 000 morts de famine), près de 8 900 000 déplacés, et 3 500 000 réfugiés.
EN BREF
Dernière minute 🇮🇱 Israël – 🇵🇸 Palestine • Israël veut contrôler Gaza sans la « garder »
Benyamin Nétanyahou vient d’affirmer que son objectif était de « prendre le contrôle de Gaza » pour assurer la sécurité d’Israël, sans pour autant vouloir « gouverner » ou « garder » le territoire. Dans une interview à Fox News, le Premier ministre israélien a évoqué la création d’un périmètre de sécurité, puis un transfert du pouvoir à « des forces arabes » jugées plus fiables que le Hamas. Il a aussi réaffirmé que son gouvernement n’avait pas l’intention d’annexer l’enclave palestinienne. Ces déclarations interviennent alors que l’armée israélienne contrôle déjà environ 75 % de la bande de Gaza et que les opérations militaires s’intensifient, malgré les appels à la retenue des familles d’otages et les doutes exprimés au sein même de l’état-major.
🇵🇸 Palestine – 🇸🇴 Somalie • BCG a modélisé un exil massif des Gazaouis
Selon le Financial Times, des consultants de Boston Consulting Group ont envisagé le transfert de centaines de milliers de Palestiniens de Gaza vers la Somalie et d’autres pays, dans le cadre d’un projet post-guerre mené pour des hommes d’affaires israéliens. Le modèle intégrait des scénarios de relocalisation “temporaire et volontaire” dans cinq pays, dont l’Égypte, la Jordanie, les Émirats arabes unis et la région séparatiste du Somaliland.
L’objectif : quantifier les coûts et bénéfices économiques d’un tel déplacement. BCG estimait à 4,7 milliards de dollars les retombées positives sur quatre ans pour les pays accueillants. Le projet, associé à la très critiquée Gaza Humanitarian Foundation, a depuis été désavoué par la firme, qui a licencié les partenaires impliqués. L’ONU et plusieurs alliés européens d’Israël ont dénoncé l’initiative, qui constituait une tentative de nettoyage ethnique.
🇱🇧 Liban • Le Hezbollah rejette son désarmement d’ici fin 2025
Le Hezbollah a fermement rejeté la décision du gouvernement libanais de le désarmer d’ici à la fin de l’année, qualifiant cette initiative de « péché grave ». L’armée a été chargée d’élaborer un plan d’action, dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu conclu avec Israël. Soutenu par l’Iran, le mouvement chiite accuse Beyrouth de céder aux pressions américaines et de mettre en péril la souveraineté nationale. Deux ministres affiliés au Hezbollah et à son allié Amal ont quitté une réunion du cabinet en signe de protestation. Les partis d’opposition, eux, saluent une décision « historique » qui pourrait mettre fin à l’exception armée du Hezbollah depuis l’accord de Taëf.
🇺🇸 États-Unis – 🇷🇺 Russie - 🇺🇦 Ukraine • Une rencontre Trump-Poutine bientôt
Donald Trump et Vladimir Poutine se rencontreront dans les prochains jours, a confirmé le Kremlin. Ce sera leur premier face-à-face depuis l’invasion russe de l’Ukraine. L’annonce fait suite à une visite à Moscou de Steve Witkoff, émissaire de Trump, que les deux parties ont qualifiée de « productive ». L’échange prévu n’inclura pas l’Ukraine, malgré une proposition de rencontre trilatérale avec Volodymyr Zelensky, que Moscou a ignorée. Le lieu du sommet a déjà été décidé, sans être rendu public. L’annonce a provoqué une hausse immédiate de 4,5 % de la Bourse russe.
Opinion • L’ultimatum de Trump à Poutine pour cesser les hostilités a semble-t-il été jeté aux orties…
🇪🇺 Union européenne – 🇺🇸 États-Unis • Droits de douane : l’UE entre dans une nouvelle phase de négociation
L’Union européenne espère encore échapper à certaines surtaxes américaines, entrées en vigueur aujou’dhui malgré l’accord commercial annoncé fin juillet. Washington applique désormais des droits de douane de 15 % sur une large gamme de produits européens, sans attendre la ratification formelle du pacte par les Vingt-Sept. Plusieurs filières — vins, spiritueux, automobile — intensifient leur lobbying pour obtenir des exemptions, alors que seule une poignée de secteurs (aéronautique, chimie) bénéficient déjà d’un taux zéro. Bruxelles a suspendu ses mesures de rétorsion, mais se dit prête à les réactiver si les discussions échouent.
Opinion • On va attendre pour constater les résultats. Parce qu’il ne sert à rien de brandir des mesures de rétorsion si c’est pour ne pas les mettre en oeuvre (cf. l’accord en Écosse fin juillet).