L’Ukraine face à un risque d'effondrement défensif

LA UNE

Les forces russes ont réalisé leur avancée la plus significative depuis des mois dans l’est de l’Ukraine, progressant de 10 à 17 km au nord de Dobropillia, dans l’oblast de Donetsk. Cette progression met en danger les axes de ravitaillement ukrainiens et plusieurs « villes forteresse » encore sous contrôle de Kyiv, dont Kostiantynivka, Kramatorsk et Sloviansk, dernières barrières à une pénétration plus profonde de Moscou dans le Donbass. Cette avancée, déjà perceptible hier soir, a été confirmée par plusieurs sources aujourd’hui.

Selon l’état-major ukrainien, des renforts ont été envoyés pour contrer des unités russes opérant en petits groupes, parfois à moto, menant pas moins de 35 assauts récents. Si certains porte-parole relativisent la portée de cette avancée, des voix sur le terrain parlent de chaos. Le commandant par intérim de la Brigade Azov, Bohdan Krotevych, évoque une ligne défensive effondrée entre Pokrovsk et Kostiantynivka, cette dernière étant « en semi-encerclement » tandis que Pokrovsk et Myrnohrad seraient presque encerclées.

Des experts comme pointent un affaiblissement prévisible des défenses ukrainiennes, attribué à un épuisement des réserves, un manque de vision stratégique et la lenteur des livraisons d’armes occidentales. La supériorité russe en artillerie et drones accentue la pression, alors que Kyiv peine à compenser ses pertes humaines. Si cette avancée se transforme en percée opérationnelle, l’Ukraine pourrait perdre des positions clés et voir s’accroître les pressions internationales pour ouvrir des négociations. Les Echos

EN BREF

🇵🇸 Gaza • L’UE, le Royaume-Uni, le Japon et 22 autres pays dénoncent une “famine” à Gaza et réclament une action urgente pour y mettre fin. Dans un communiqué, ils appellent Israël à autoriser tous les convois d’aide humanitaire et à lever les obstacles empêchant les ONG d’intervenir. La déclaration, signée par 17 États membres de l’UE dont la France, mais pas l’Allemagne, intervient alors que la situation humanitaire s’aggrave et que 98,5 % des terres agricoles sont inutilisables selon la FAO.

🇵🇸 Gaza - 🇮🇱 Israël • En 24 heures, au moins 89 Palestiniens ont été tués à Gaza lors de frappes israéliennes, dont 15 personnes faisant la queue pour recevoir de la nourriture, selon les secours locaux. Cinq autres civils, dont deux enfants, sont morts de faim. Les bombardements, les plus intenses depuis des semaines, ont visé notamment Zeitoun et Sabra à Gaza-Ville. Depuis le 7 octobre 2023, la guerre a fait 61 599 morts palestiniens et 154 088 blessés.

🇺🇸 États-Unis • Donald Trump rencontrera Vladimir Poutine vendredi en Alaska pour “voir ce qu’il a en tête”. Le président américain a fixé la barre basse, affirmant qu’il saura “en deux minutes” si un accord est possible et qu’il est prêt à “dire bonne chance” et repartir. Il évoque des “échanges de terres”, malgré l’opposition du président ukrainien Volodymyr Zelensky, exclu des discussions, qui exige un cessez-le-feu préalable. Trump n’a pas mentionné de garanties de sécurité pour Kyiv ni d’engagement à maintenir l’aide militaire américaine. La rencontre, improvisée et sans préparation diplomatique approfondie, inquiète les alliés européens et l’OTAN, qui craignent que Poutine n’en profite pour influencer Trump et gagner du temps.

🇺🇸 États-Unis - 🇨🇳 Chine • Donald Trump prolonge de 90 jours la trêve commerciale avec Pékin. Le président américain a signé un décret repoussant au 9 novembre la fin des discussions, évitant ainsi le retour à des droits de douane qui avaient atteint 145 % sur les produits chinois avant l’accord du 12 mai 2025. Les taxes restent fixées à 30 % sur les importations chinoises aux États-Unis et 10 % sur les produits américains en Chine. Trump a exhorté Pékin à quadrupler ses achats de soja américain et a accordé des licences d’exportation à Nvidia et AMD, en échange d’une part de leurs bénéfices, dans un contexte d’assouplissement des restrictions technologiques. Washington vise un meilleur accès aux terres rares chinoises, partiellement rouvertes depuis juin.

🇩🇪 Allemagne - 🇮🇱 Israël • Le chancelier Friedrich Merz sous pression après avoir suspendu les livraisons d’armes à Israël. L’annonce du 8 août, motivée par l’occupation progressive de Gaza par Israël, a déclenché une fronde au sein de la CDU et de son alliée bavaroise CSU, dénonçant une rupture avec la ligne historique de soutien à Israël. Critiqué pour avoir décidé seul, Merz a tenté de rassurer en affirmant que les principes de la politique allemande envers Israël restaient « inchangés ». Malgré ses explications, y compris à la télévision publique, plusieurs figures de son camp demandent la reprise rapide des exportations d’armement.

🇸🇩 Soudan • Plus de 40 réfugiés ont été tués par les paramilitaires d’Hemetti dans le camp d’Abou Chouk, à El-Fasher, au nord du Darfour, en proie à la famine. Lundi 11 août, les Forces de soutien rapide (RSF) ont ouvert le feu sur des civils à l’intérieur de leurs maisons et dans les rues, faisant aussi au moins 19 blessés. El-Fasher, dernier bastion de l’armée régulière dans la région, est assiégée depuis plus d’un an, empêchant toute aide humanitaire d’entrer. La ville connaît une famine confirmée par l’ONU et une explosion des prix alimentaires, tandis que les RSF ciblent systématiquement les camps de réfugiés pour briser toute résistance.

🇰🇭 Cambodge - 🇹🇭 Thaïlande • Le cessez-le-feu conclu fin juillet facilité par les menaces sur les chaînes d’approvisionnement régionales. Pékin, soucieux de préserver son « corridor Nord-Sud » reliant la région au Yunnan, et Tokyo, dépendant de l’axe « Est-Ouest » pour ses usines, ont soutenu la désescalade. Les restrictions de circulation et les retards de production avaient déjà affecté les échanges, illustrant l’impact économique direct de ce conflit intra-ASEAN. The Diplomat

🇨🇲 Cameroun – 🇫🇷 France • Emmanuel Macron a reconnu que la France avait mené «une guerre» au Cameroun lors de la décolonisation contre les mouvements insurrectionnels, avant et après l’indépendance de 1960, marquée par de multiples «violences répressives». Dans une lettre à Paul Biya datée du 30 juillet, le président français endosse les conclusions d’un rapport d’historiens et admet que ce conflit s’est poursuivi au-delà de 1960 avec l’appui français aux autorités camerounaises. Cette déclaration inédite s’inscrit dans la politique mémorielle engagée par Paris après des démarches similaires sur le Rwanda et l’Algérie.

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