LA UNE

🇫🇷 France – 🇵🇸 Palestine : 40 tonnes d’aide humanitaire larguées à Gaza, 6 000 camions bloqués

La France a commencé aujourd’hui une opération de largage aérien de vivres à Gaza. Une action symbolique et limitée, qui illustre surtout l’impasse humanitaire dans laquelle se trouve l’enclave palestinienne, ravagée par la guerre. Tandis que les parachutes français descendaient sur le nord de Gaza, l’UNRWA rappelait qu’elle dispose de 6 000 camions d’aide prêts à entrer… mais toujours bloqués par Israël.

Le largage français – 40 tonnes réparties en 4 rotations aériennes – ne représente que 2 à 3 camions, quand les besoins quotidiens de la population sont estimés entre 500 et 600 camions. Le ministre des armées, Sébastien Lecornu, et le président Macron ont salué l’opération menée avec l’appui des Jordaniens, des Émirats arabes unis et de l’Allemagne. Mais à Paris comme à New York, on admet que l’opération est « évidemment insuffisante ». Le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a dénoncé une méthode « 100 fois plus coûteuse que les camions » et « 2 fois moins efficace ».

Depuis la rupture du cessez-le-feu le 18 mars, l’aide humanitaire piétine à la frontière de Gaza. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, plus de 1 370 Palestiniens ont été tués en tentant de récupérer de la nourriture — en majorité par l’armée israélienne. Deux Gazaouis ont encore été abattus aujourd’hui près d’un centre de distribution. Les mouvements de foule autour des parachutages sont fréquents, et les ONG jugent cette méthode non seulement inefficace mais aussi dangereuse.

Israël, accusé par Human Rights Watch d’utiliser la famine comme arme de guerre, maintient ses restrictions. Et les États-Unis, bien qu’acteurs d’un programme de distribution via la Gaza Humanitarian Foundation, peinent à convaincre de leur neutralité : cette structure, soutenue par Washington et Tel-Aviv, est rejetée par la plupart des ONG (ses services de sécurité sont composés de mercenaires américains pour l’essentiel).

Le contraste est saisissant : quelques colis largués à prix d’or pour tenter d’atténuer une famine provoquée par l’enfermement volontaire d’un territoire. Si l’urgence commande d’agir, l’UNRWA insiste : seule l’ouverture des passages routiers permettra une réponse digne et massive. À ce jour, la volonté politique reste le principal point d’étranglement. Le Monde

EN BREF

🇫🇮 Finlande – 🇵🇸 Palestine • Le président Stubb prêt à reconnaître l’État palestinien

Le président finlandais Alexander Stubb s’est déclaré « prêt » à reconnaître l’État de Palestine si le gouvernement lui soumet une proposition en ce sens. Il affirme vouloir soutenir la dynamique enclenchée par la France, le Royaume-Uni et le Canada, qui envisagent une reconnaissance officielle en septembre à l’ONU.

Dans un message publié sur X, Stubb a réitéré son soutien à la solution à 2 États et dénoncé la situation « inhumaine » à Gaza. La décision finale revient toutefois au gouvernement, et la droite populiste ainsi que les chrétiens-démocrates finlandais s’y opposent. En parallèle, les États-Unis ont annoncé des sanctions contre des responsables de l’Autorité palestinienne.

🇮🇸 Islande • Un référendum sur l’UE pour 2027

Sous l’effet des tensions géopolitiques croissantes, l’Islande s’apprête à relancer le débat sur une adhésion à l’Union européenne. Le gouvernement issu des élections de 2024 a annoncé la tenue d’un référendum d’ici à 2027, avec la volonté d’ancrer le pays dans un cadre de sécurité plus solide et de valeurs communes avec les Européens.

Déjà membre de l’espace économique européen et de Schengen, l’Islande avait interrompu les négociations d’adhésion en 2013. Mais l’invasion de l’Ukraine, les tensions autour du Groenland et l’imprévisibilité américaine redéfinissent ses priorités. Pour Reykjavík, la sécurité est désormais au cœur de l’équation. Un partenariat de défense est d’ailleurs en cours de finalisation avec Bruxelles.

L’économie, notamment la volatilité de la couronne islandaise, renforce les arguments en faveur d’une intégration plus poussée. Mais un point de blocage persiste : la pêche. L’ouverture des eaux islandaises à la concurrence européenne reste une ligne rouge pour nombre de citoyens et responsables politiques.

Ce possible élargissement aurait aussi des conséquences régionales : il pourrait remettre sur la table le débat sur l’adhésion de la Norvège, encore réticente malgré une opinion publique en mutation.

🇨🇩 République démocratique du Congo • Le M23 accusé du massacre de 169 civils au Nord-Kivu

Le groupe armé M23 est accusé d’avoir tué 169 civils, majoritairement des agriculteurs, depuis le 9 juillet dans l’est de la République démocratique du Congo. Ce lourd bilan, révélé par le Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l’homme, fait suite à une opération lancée dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu, censée viser des rebelles hutus des FDLR.

D’après les témoignages recueillis par Reuters, les civils auraient été attaqués alors qu’ils campaient dans leurs champs, après avoir initialement fui les combats puis été convaincus par le M23 qu’ils seraient protégés. Le groupe armé, par la voix de l’un de ses responsables, Bertrand Bisimwa, promet une enquête interne mais dénonce une « propagande » onusienne et des informations « non vérifiées ».

Alors que des discussions sont en cours avec Kinshasa pour aboutir à un accord de paix global d’ici au 18 août, le gouvernement congolais pointe une nouvelle fois le M23 comme une force « déstabilisatrice », incapable d’assurer la sécurité des populations locales.

🇹🇭 Thaïlande – 🇰🇭 Cambodge • Visites diplomatiques à la frontière après une semaine de violences

Alors que la trêve reste fragile, la Thaïlande et le Cambodge ont organisé aujourd’hui des visites diplomatiques à leur frontière commune, théâtre d’affrontements meurtriers la semaine passée. Objectif affiché : démontrer leur bonne foi et permettre aux diplomates étrangers d’observer les dégâts sur le terrain.

Malgré cette trêve annoncée lundi, les accusations de violations mutuelles n’ont pas cessé. Le Cambodge affirme que 2 incidents ont été provoqués par l’armée thaïlandaise depuis l’accord, tandis que Bangkok accuse Phnom Penh de tirs mardi et mercredi. Aucun nouvel affrontement n’a toutefois été signalé dans la nuit de mercredi à jeudi.

L’explosion d’une mine antipersonnel ayant blessé 5 soldats thaïlandais avait déclenché cette nouvelle flambée de violence. Au moins 41 personnes ont été tuées en une semaine, selon un bilan encore provisoire. Malgré la désescalade relative, la situation reste sous haute tension.

🇸🇻 Salvador • Bukele autorisé à briguer un nombre illimité de mandats

Le Parlement salvadorien a adopté une réforme constitutionnelle majeure autorisant Nayib Bukele à se représenter indéfiniment. Portée par les 57 députés pro-Bukele, la mesure abolit la limitation des mandats présidentiels, supprime le second tour de l’élection et prolonge le mandat de cinq à six ans. L’opposition, réduite à trois sièges, dénonce un « coup de force » survenu en plein début de congés estivaux.

Réélu en 2024 avec 85 % des voix, Bukele bénéficiait déjà d’un feu vert controversé de la Cour suprême pour briguer un second mandat. Avec cette réforme, son mandat actuel prendra fin dès 2027, ouvrant la voie à une nouvelle candidature. Plébiscité pour sa répression des gangs, le président est pourtant critiqué par les ONG pour ses méthodes autoritaires, les détentions arbitraires et les atteintes aux libertés.

🇺🇦 Ukraine • Zelensky rétropédale sur la lutte anticorruption

Après une semaine de vives critiques internes et internationales, le Parlement ukrainien a adopté une loi rétablissant l’indépendance des principaux organismes anticorruption, affaiblie par une décision controversée de Volodymyr Zelensky. Le président avait récemment placé ces institutions sous la supervision du procureur général, provoquant une levée de boucliers de la société civile, de l’Union européenne et d’ONG telles que Transparency International.

Conscient du risque pour la candidature de l’Ukraine à l’UE et pour le maintien de l’aide occidentale, Zelensky a fait adopter en urgence un nouveau texte, interdisant toute ingérence du parquet dans les enquêtes. Il l’a signé dans la foulée du vote, qualifiant la journée de « véritablement productive pour le peuple ».

Le rétropédalage intervient alors que des manifestations ont eu lieu à travers le pays, les premières depuis le début de l’invasion russe. La loi initiale était perçue comme une atteinte grave aux acquis de la révolution de 2014. Bruxelles a salué le retour en arrière comme un signal fort de l’engagement réformateur de Kyiv, tout en rappelant que d’importants défis subsistent.

🇨🇴 Colombie • La déforestation explose de 43 % en 2024

Après des progrès notables en 2023, la Colombie enregistre une hausse alarmante de 43 % de la déforestation en 2024, soit plus de 1 100 km² de forêt amazonienne détruite. L’agriculture, les mines illégales et la construction de routes non autorisées en sont les principales causes. Même les parcs naturels sont touchés. Malgré l’accueil de la COP16 et des engagements affichés, la ministre de l’Environnement a reconnu que les efforts étaient insuffisants.