- Athera | fr
- Posts
- Espace : la France avance ses pions
Espace : la France avance ses pions
Les négociations entre européens et iraniens, les hésitations de Trump sur des frappes en Iran, les risques de mort par la soif à Gaza, l'économie russe mal en point, les avions chinois dans le ciel de Taïwan.


LA UNE
🇫🇷 France • Face à Starlink de Musk, l’urgence d’une constellation européenne en matière de communication spatiale
La France s’apprête à devenir le premier actionnaire de l’opérateur européen de satellites Eutelsat, avec un investissement public de 717 millions d’euros officialisé hier. Cette opération permettra à l’État français de détenir 29 % du capital du groupe d’ici fin 2025, juste en dessous du seuil de 30 % qui obligerait à lancer une offre publique d’achat. Le signal : Paris veut garantir à l’Europe un acteur stratégique dans la course aux télécommunications par satellites, aujourd’hui dominée par l’américain SpaceX et sa constellation Starlink.
Depuis sa fusion avec OneWeb en 2023, Eutelsat opère plus de 600 satellites en orbite basse, contre quelque 6 000 pour Starlink. L’enjeu est à la fois technologique, économique et géopolitique. “La course est maintenant”, alerte l’Élysée, qui redoute une dépendance accrue aux infrastructures spatiales non européennes, comme l’illustre le rôle central joué par Starlink dans les communications militaires ukrainiennes.
La montée au capital de l’État français s’inscrit dans une levée de fonds globale de 1,35 milliard d’euros. Elle doit permettre à Eutelsat de renforcer sa flotte, de refinancer sa dette et surtout de participer activement au projet européen Iris² : un futur réseau de 290 satellites multi-orbitaux prévu pour 2030, conçu comme une alternative souveraine pour les connexions stratégiques civiles et militaires.
Cette stratégie d’autonomie technologique bénéficie déjà de premiers résultats concrets. Eutelsat a signé avec l’armée française un contrat de 10 ans, d’un montant maximal d’1 milliard d’euros, pour fournir des services de communications spatiales. Le groupe reste également soutenu par plusieurs investisseurs privés et institutionnels : CMA-CGM, Bharti Airtel, et le Fonds stratégique de participations regroupant sept assureurs français. Des discussions sont en cours avec d’autres acteurs, dont le gouvernement britannique.
Face à la suprématie américaine dans l’espace, l’Europe tente donc de se réarmer technologiquement. L’espace devient un théâtre de compétition géopolitique directe, et les satellites des instruments de puissance au même titre que les infrastructures critiques sur Terre. France 24
EN BREF
🇮🇷 Iran - 🇪🇺 Union Européenne • Les négociations commencent à Genève entre les diplomates européens et iraniens
À Genève, la diplomatie européenne tente en ce moment même d’éviter un embrasement total entre Israël et l’Iran. Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghtchi, s’est montré ferme : aucune négociation avec Washington tant que les frappes israéliennes se poursuivent.
Selon Emmanuel Macron, les Européens (France, Allemagne, Royaume-Uni, UE) vont présenter une « offre complète » incluant accès total de l’AIEA, l’encadrement des missiles balistiques et l’arrêt du financement de groupes armés. Macron soutient cette initiative mais juge inefficaces les bombardements israéliens contre des installations « extrêmement protégées ». Pendant ce temps, les missiles continuent de frapper des cibles civiles et militaires des 2 côtés. The New York Times
Parallèlement, signe d’une dégradation de la situation sécuritaire sur place, plusieurs chancelleries ont décidé l’évacuation de leur personnel diplomatique : le Royaume-Uni, l’Australie et la Suisse.
🇮🇷 Iran - 🇺🇸 États-Unis • Donald Trump se laisse 15 jours pour décider d’une intervention militaire
Alors que Trump souffle le chaud et le froid sur une éventuelle intervention américaine en Iran, les scénarios militaires s’affinent. Une attaque directe au sol reste improbable, mais le positionnement d’unités navales et aériennes, dont les bombardiers B-2 capables de frapper des sites comme Fordo (dont je vous parlais en début de semaine), montre que l’option d’une frappe ciblée est bien sur la table.
L’objectif : neutraliser les capacités nucléaires iraniennes. Téhéran, de son côté, garde une capacité de riposte asymétrique redoutable dans le Golfe et via ses réseaux régionaux. Mais il est de plus en plus isolé, ses alliés traditionnels restant passifs. En cas d’embrasement, une fermeture du détroit d’Ormuz, par lequel transitent plus 30% du pétrole mondial, serait un scénario catastrophe pour l’économie globale. Le Parisien
🇵🇸 Gaza • Des risques de mort par la soif, alors que le système de gestion de l’eau est gravement endommagé
Gaza continue de s’enfoncer dans une catastrophe humanitaire majeure. L’Unicef alerte sur un risque imminent de décès d’enfants par soif, alors que 60 % des installations de traitement de l’eau sont hors service. Le blocus israélien, partiellement levé fin mai, n’a pas empêché la pénurie de nourriture, carburant et médicaments. Les distributions, assurées désormais par la controversée Gaza Humanitarian Foundation (GHF), financée par les États-Unis et Israël, sont marquées par des scènes de panique et des tirs.
Chaque jour, des dizaines de civils sont tués alors qu’ils tentent de récupérer de l’aide. L’ONU évoque un risque de famine généralisée d’ici septembre. Pourtant, Gaza reste en marge du débat diplomatique sur la région, reléguée au second plan par les tensions avec l’Iran. Depuis octobre 2023, selon le ministère de la santé de Gaza, 55 600 personnes sont mortes, majoritairement des civils. Le Nouvel Obs
🇷🇺 Russie • Selon le ministre de l’économie russe, la Russie est au bord de la récession
Sous pression économique croissante, la Russie approche de la récession. Son ministre de l’Économie admet un ralentissement brutal, conséquence du surinvestissement militaire, des sanctions occidentales, de l’inflation et du désintérêt des investisseurs étrangers.
En parallèle, Bruxelles a renoncé à abaisser le plafond du prix du pétrole russe, initialement prévu à 45 $/baril. En cause : la flambée des cours liée au chaos au Moyen-Orient. L’UE préfère temporiser pour ne pas aggraver la volatilité énergétique. Cette décision prive l’Ukraine d’un levier économique clé contre Moscou. Par ailleurs, sans adhésion des États-Unis à cette mesure, une baisse du plafond perdrait tout impact.
Résultat : malgré ses difficultés internes, le Kremlin continue de financer son effort de guerre. L’Europe, elle, jongle entre volonté de pression économique et peur d’une crise énergétique amplifiée par les tensions entre Israël et l’Iran. Newsweek
🇹🇼 Taïwan • Près de 80 avions chinois dans l’espace aérien taïwanais en moins de 2 jours
Taïwan a détecté 74 avions militaires chinois en 30 heures, marquant une nouvelle escalade dans la pression exercée par Pékin. Ces incursions font suite au passage du patrouilleur britannique HMS Spey dans le détroit de Taïwan, considéré par la Chine comme partie intégrante de son territoire. Depuis le début de l’année, les traversées de navires occidentaux — britanniques, américains, canadiens — se multiplient, déclenchant à chaque fois la colère de Pékin. En parallèle, Taïwan accuse la Chine de cyberattaques, de désinformation et d’espionnage. Le Monde
PAR AILLEURS
🇦🇲 Arménie - 🇹🇷 Turquie • Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian est arrivé vendredi à Istanbul pour une visite diplomatique historique en Turquie, pays ennemi de l’Arménie depuis plus d’un siècle.
🇳🇪 Niger • 24 soldats tués dans l’ouest du pays, près de la frontière malienne. L’attaque est attribuée à plusieurs centaines de djihadistes.
🇷🇴 Roumanie • Le président roumain, Nicusor Dan, a annoncé la nomination au poste de 1er ministre du pro-européen Ilie Bolojan aujourd’hui.
🇪🇺 Union Européenne - 🇺🇸 États-Unis • Les négociations commerciales se poursuivent à l’approche du 9 juillet, date à laquelle Trump pourrait imposer de lourds droits de douane sur les exportations européennes. Le commissaire européen Valdis Dombrovskis évoque des progrès.
SONDAGE
Est-ce que cette édition vous a plu ? |