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Frappes israéliennes en Iran : mode opératoire, cibles, conséquences

Dans la nuit d’hier à aujourd’hui, Israël a lancé une attaque de grande envergure contre l’Iran, en ciblant ses installations nucléaires, ses infrastructures militaires et plusieurs hauts responsables.

ÉDITION SPÉCIALE

Le contexte : les négociations sur le nucléaire iranien en arrière-plan

Dans la nuit d’hier à aujourd’hui, Israël a lancé une attaque de grande envergure contre l’Iran, en ciblant ses installations nucléaires, ses infrastructures militaires et plusieurs hauts responsables. L’opération, baptisée Rising Lion (“Lion s’éveillant”), survient dans un contexte de tension régionale exacerbée, après des mois d’accusations mutuelles, d’escalades militaires indirectes via des milices alliées et de pourparlers diplomatiques fragiles, en particulier sur le nucléaire iranien. Les bombardements sont toujours en cours.

Israël justifie son offensive comme une “action préventive”, destinée à entraver la capacité de l’Iran à construire une bombe nucléaire. Selon Benjamin Netanyahu, l’Iran avait franchi une “ligne rouge” en entamant les étapes finales vers l’armement nucléaire.

L’opération se déroule alors que l’Iran traverse une période de vulnérabilité stratégique : ses réseaux de milices pro-iraniennes sont affaiblis, ses alliances régionales fragilisées, et son système militaire interne est sous pression, notamment depuis la chute du régime syrien fin 2024 . En arrière-plan, les discussions entre Washington et Téhéran sur le nucléaire sont au point mort, avec une 6e session de négociations prévue à Oman dimanche qui a été annulée après l’attaque .

Le mode opératoire : une coordination entre l’armée de l’air et des opérations sur le sol iranien

Selon les 1ères infos disponibles, l’opération semble complexe, et a dû nécessiter plusieurs mois de préparation (ce qui contredit le narratif de Netanyahu sur l’urgence à agir). Plus de 200 avions de chasse israéliens ont mené des frappes simultanées sur une centaine de cibles en Iran, en utilisant plus de 330 munitions guidées. Les attaques ont commencé avant l’aube et se sont poursuivies durant plusieurs heures, et sont toujours en cours à l’heure où j’écris ces lignes.

Israël a combiné différentes techniques :

  • Des frappes aériennes massives : des cibles importantes ont été atteintes, notamment des radars, des défenses aériennes, et des bases militaires autour de Téhéran et dans d’autres régions (les frappes israéliennes d’octobre dernier avaient déjà endommagé le système de defense aérien iranien).

  • Du sabotage intérieur : le Mossad (service de renseignement extérieur israélien) aurait infiltré le territoire iranien en amont, en établissant une base de drones à proximité de Téhéran. Ces drones ont détruit plusieurs lanceurs de missiles sol-sol destinés à Israël.

  • Des missiles de précision et des forces spéciales : des commandos israéliens auraient déployé des missiles de précision pour neutraliser des installations sensibles, en coordination avec l’armée de l’air.

  • Des cyber-opérations (non confirmé) : l’ampleur de l’attaque et la désorganisation rapide des systèmes de commandement iraniens laissent supposer une guerre hybride avec des actions numériques.

Les frappes ont forcément été précédées d’un travail de renseignement étalé sur plusieurs années, pour trouver la localisation des dirigeants militaires, des scientifiques du programme nucléaire, et des installations les plus sensibles.

Les cibles : des sites nucléaires, des villes et des personnalités

Israël a frappé plusieurs sites clés du programme nucléaire iranien :

  • Natanz : c’est le principal centre d’enrichissement d’uranium d’Iran, partiellement souterrain, sévèrement endommagé selon l’AIEA (organisme de l’ONU chargé de la surveillance nucléaire). Ce site abrite près de 14 000 centrifugeuses.

  • Téhéran : plusieurs installations militaires et le siège des Gardiens de la Révolution (milice chargée de protéger le système de la République islamique) ont été touchés, ainsi que des immeubles résidentiels abritant des cadres du régime.

  • Autres sites : des installations dans la province de Kermanchah, ainsi qu’un complexe militaire à Partchine. En revanche, les sites de Fordo, Ispahan et Bouchehr n’ont pas été atteints selon l’AIEA.

Les frappes ont aussi éliminé plusieurs figures centrales de l’appareil militaire et nucléaire iranien :

  • Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens de la Révolution, proche de Khamenei (Guide suprême).

  • Mohammad Hussein Baqeri, chef d’état-major des forces armées iraniennes, numéro deux militaire après le Guide suprême.

  • Gholam Ali Rashid, chef de l’état-major du quartier général central de Khatam al-Anbiya.

  • Fereydoun Abbassi Davani et Mohammad Mehdi Tehranchi, deux physiciens nucléaires de premier plan.

Selon certains médias, jusqu’à six scientifiques nucléaires auraient été tués. La décapitation partielle de la hiérarchie militaire est une atteinte stratégique majeure à la capacité de commandement iranienne.

Les réactions internationales et les conséquences potentielles

La réaction iranienne a été immédiate : environ 100 drones ont été lancés en représailles contre Israël. Plusieurs ont traversé les espaces aériens de l’Irak et de la Jordanie, cette dernière ayant abattu une partie des engins par mesure de sécurité. Israël affirme avoir intercepté la majorité des drones grâce à ses systèmes de défense aérienne.

Sur le plan diplomatique, l’Iran a dénoncé un acte de guerre et annoncé une riposte “proportionnée et décisive”, tout en saisissant le Conseil de sécurité de l’ONU. La rhétorique iranienne suggère que cette attaque pourrait justifier, à ses yeux, la relance d’un programme nucléaire à visée militaire.

Les réactions internationales principales :

  • États-Unis : officiellement non impliqués (mais informés), ils ont repositionné des destroyers et des avions dans la région pour protéger leurs bases et leurs alliés. Trump a qualifié l’opération de “réussite”, tout en exhortant l’Iran à négocier.

  • Europe : les déclarations sont pour le moins mesurées. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont réaffirmé le droit d’Israël à se défendre mais ont exprimé leur inquiétude face à une escalade.

  • Monde arabe : l’Égypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite et la Turquie ont dénoncé une violation du droit international et exprimé leur inquiétude pour la stabilité régionale.

Opinion • Les réactions européennes sont tièdes. On est face à une violation claire du droit international, et les négociations diplomatiques sur le nucléaire iraniens étaient toujours en cours lorsque les frappes ont eu lieu. On s’engage vers un potentiel d’escalade très important dans la région.

L’attaque a provoqué une flambée du prix du pétrole (+7 % pour le Brent) et une baisse des marchés : on craint un conflit généralisé et durable au Moyen-Orient .

Ces frappes menacent d’embraser aussi des théâtres périphériques : le Liban, l’Irak ou le Yémen pourraient devenir des terrains de réponse indirecte via les proxies iraniens. Ces derniers, affaiblis par les frappes israéliennes récentes, n’ont pas encore réagi de manière significative.

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