LA UNE

🇪🇺 Union européenne – 🇺🇸 États-Unis • L’Europe plie sous la pression tarifaire de Trump

C’est une image qui résume tout : Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, signant un accord commercial au golf de Turnberry, propriété privée de Donald Trump, dans l’ex-membre de l’UE qu’est le Royaume-Uni. L’Union européenne a finalement accepté une hausse généralisée des droits de douane américains à 15 %, évitant de justesse une guerre commerciale ouverte mais entérinant une défaite stratégique face à un président revenu en force à la Maison-Blanche.

Divisée, l’UE n’a pas su imposer une ligne dure. L’Allemagne, obsédée par la protection de son industrie automobile exportée depuis les États-Unis, a freiné l’usage de l’« arme commerciale » européenne conçue après le premier mandat Trump. L’Irlande et l’Italie ont, quant à elles, œuvré à atténuer les représailles, notamment sur le bourbon, les médicaments ou le bœuf. Résultat : un paquet de contre-mesures réduit de 93 à 21 milliards d’euros.

Au final, même le compromis négocié par les émissaires européens — un tarif réciproque permanent de 10 % — a été rejeté par Trump, qui a menacé de surtaxes à 30 % si l’UE ne cédait pas. Face à cette impasse, la Commission n’a eu d’autre choix que de capituler. « Il a trouvé notre seuil de douleur », admet un diplomate. Pour éviter une spirale destructrice, l’UE a cédé — au prix de sa crédibilité commerciale. The Financial Times

Opinion • Cet accord est une capitulation en rase campagne. L’Union Européenne se retrouve avec des conditions tarifaires plus pénalisantes que le Royaume-Uni, alors que c’est un bloc bien plus puissant et qui avait des leviers de négociation autrement plus efficaces.

Le pire, ce n’est pas le taux de droits de douane, le taux moyen avant Trump frôlait les 5%, et le taux plancher supplémentaire appliqué par Trump à bien des pays du monde est de 10%. Le pire ce sont les concessions annexes (promesses d’achat de gaz américain, d’armes américaines et d’investissements aux États-Unis). Même si les promesses n’engagent que ceux qui les croient, le message (géo)politique est lamentable.

Sur ce dossier, le seul pays offensif a été la France et quelques-uns de ses alliés. Les autres ont plié, pour des raisons économiques, comme l’Allemagne ou l’Italie, ou par crainte de représailles dans le domaine de la défense, comme les pays de l’est de l’Europe qui ont peur du désengagement américain.

Au final, l’ensemble économique le plus puissant et le plus riche du monde a dit a tous les grands fauves de la scène internationale : marchez-nous dessus, on en redemande.

EN BREF

🇮🇱 Israël – 🇵🇸 Palestine • Deux ONG israéliennes accusent leur propre gouvernement de génocide à Gaza

Pour la première fois, 2 grandes ONG israéliennes — B’Tselem et Physicians for Human Rights-Israel — affirment publiquement qu’Israël commet un génocide contre les Palestiniens de Gaza. Dans un rapport intitulé Notre génocide, elles dénoncent la destruction systématique de la société palestinienne dans l’enclave : plus de 59 000 morts, des villes rasées, la quasi-totalité des 2 millions d’habitants déplacés, et l’accès à la nourriture sévèrement restreint.

Le gouvernement israélien rejette ces accusations, les qualifiant d’infondées. Il soutient que son objectif est la neutralisation du Hamas, et non des civils. Mais les ONG pointent des déclarations déshumanisantes de responsables israéliens et l’ampleur des destructions comme preuve d’une volonté délibérée d’éradication.

Ces accusations surviennent alors qu’Israël a brièvement suspendu ses opérations militaires dans certaines zones pour laisser passer de l’aide humanitaire. Une pause saluée mais jugée insuffisante par les agences de l’ONU. Selon le Programme alimentaire mondial, un tiers des Gazaouis ne mangent plus depuis plusieurs jours consécutifs. Des dizaines de personnes seraient mortes de faim ce mois-ci.

Malgré les parachutages de vivres autorisés par Israël et coordonnés avec la Jordanie et les Émirats, les obstacles logistiques et les tirs près des points de distribution rendent l’accès à l’aide périlleux. The New York Times

Opinion • Il va être difficile de rejeter d’un revers de main les accusations de 2 ONG israéliennes, encore plus de les associer à de l’antisémitisme pour faire taire leurs critiques (ce que fait Netanyahou régulièrement). La suspension des opérations militaires pour faire parvenir de l’aide humanitaire, annoncée dimanche, est bien le signe que la pression devient de plus en plus forte.

🇹🇭 Thaïlande – 🇰🇭 Cambodge • Cessez-le-feu “inconditionnel” après 5 jours d’affrontements

La Thaïlande et le Cambodge ont conclu ce soir un cessez-le-feu “inconditionnel” après 5 jours d’intenses affrontements à leur frontière. L’accord (annoncé à minuit heure de Kuala Lumpur) par le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim à l’issue de pourparlers organisés en Malaisie, vise à enrayer une escalade qui a déjà fait 36 morts et déplacé plus de 280 000 personnes.

Les combats ont éclaté après la mort d’un soldat cambodgien en mai, sur fond de tensions nationalistes croissantes et de contentieux territoriaux hérités de la période coloniale. Bangkok et Phnom Penh se rejettent la responsabilité du déclenchement des hostilités, tout en exprimant leur espoir d’un retour au dialogue.

Malgré l’annonce du cessez-le-feu, des journalistes de l’AFP ont entendu des tirs d’artillerie lundi soir à Samraong, côté cambodgien. Les 2 gouvernements, encouragés par la Chine, les États-Unis et la présidence tournante de l’Asean assurée par la Malaisie, se disent désormais prêts à relancer des discussions bilatérales. France 24

🇺🇸 États-Unis – 🇷🇺 Russie • Trump fixe un nouvel ultimatum à Poutine

Donald Trump a donné ce lundi « 10 ou 12 jours » à Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine, menaçant d’imposer de lourdes sanctions si aucune avancée n’est constatée. En déplacement en Écosse aux côtés du Premier ministre britannique Keir Starmer, le président américain a dénoncé l’absence de progrès depuis son précédent ultimatum fixé à 50 jours, le 14 juillet.

Trump envisage désormais des sanctions « secondaires » visant les pays acheteurs de produits russes, notamment les hydrocarbures, pour tarir les revenus de Moscou. Kyiv a salué ce regain de fermeté.

Sur Gaza, le président américain a jugé un cessez-le-feu « possible » et évoqué une « réelle famine », promettant la création de centres alimentaires « sans clôtures ni restrictions ». Le Nouvel Obs

Analyse • Trump fait du Trump, avec les revirements que cela comporte. Tant que les sanctions secondaires et les actes ne sont pas effectifs, il ne faut rien en conclure.

La faim recule dans le monde, mais progresse en Afrique

Malgré un léger recul de la faim dans le monde, l’Afrique fait face à une situation alarmante : plus de 300 millions de personnes y souffrent de sous-alimentation. Dans son dernier rapport, la FAO pointe une combinaison de conflits, de sécheresses, de stagnation agricole et de chocs externes – pandémie, guerre en Ukraine, flambée des prix – qui aggravent l’insécurité alimentaire sur le continent.

Les aliments les plus nutritifs comme les fruits, les œufs ou le lait deviennent inaccessibles pour de nombreux ménages, remplacés par des produits de base moins chers. Résultat : seules 25 % des assiettes d’enfants africains sont jugées suffisamment variées, avec des conséquences durables sur leur croissance et leur développement.

Parmi les pays les plus touchés figurent le Nigeria, la Somalie, le Soudan et la République centrafricaine. À l’inverse, le Maroc et l’Algérie s’en sortent mieux sur le plan nutritionnel. La FAO avertit : sans investissements majeurs dans l’agriculture, la protection sociale et l’adaptation climatique, l’Afrique abritera, d’ici cinq ans, la moitié des personnes sous-alimentées dans le monde. RFI

🇫🇷 France – 🇸🇦 Arabie saoudite – 🇵🇸 Palestine • L’ONU relance la solution à 2 États sans Israël ni les États-Unis

La France et l’Arabie saoudite ont ouvert aujourd’hui à New York une conférence internationale pour relancer la solution à 2 États, sous l’égide de l’ONU. L’événement réunit plus de 100 pays, mais sans Israël ni les États-Unis, qui ont boycotté l’initiative.

Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a défendu une conférence « pour l’après-guerre », visant à reconstruire Gaza et à remettre sur la table la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, dans des frontières sûres. L’enjeu est de poser les bases d’un processus diplomatique plus large, avant un sommet de chefs d’État en septembre.

Paris espère entraîner d’autres pays européens à reconnaître la Palestine, après l’annonce faite par Emmanuel Macron. Des pays arabes devraient, pour la première fois, condamner le Hamas et appeler à son désarmement, tandis que des États traditionnellement neutres comme l’Inde ou l’Indonésie sont impliqués.

Mais l’absence d’Israël et des États-Unis fragilise l’initiative. Washington juge la conférence contre-productive et a exhorté ses partenaires à ne pas y participer. Israël, de son côté, rejette toute perspective de reconnaissance palestinienne, préférant étendre sa souveraineté sur la Cisjordanie. franceinfo