LA UNE

🇪🇺 Union européenne • Face aux attaques de Trump, l’Europe serre les rangs

À moins de 10 jours de la date butoir fixée par Donald Trump pour imposer des droits de douane de 30 % sur la quasi‑totalité des exportations européennes, l’Union européenne se prépare à une confrontation sans précédent avec Washington. Selon Bloomberg, la Commission finalise un plan de représailles de 100 milliards d’euros visant des produits américains emblématiques, des avions Boeing aux voitures de luxe, en passant par le bourbon. L’objectif est clair : signaler aux États‑Unis que l’Europe ne cédera pas sous la pression.

Comme l’a rapporté Politico, l’entourage d’Emmanuel Macron exhorte Bruxelles à « appuyer sur le bouton rouge » si nécessaire, refusant un accord à tout prix. Berlin, traditionnellement plus pragmatique en matière de commerce, s’aligne progressivement, voyant dans la menace américaine un danger majeur pour son économie exportatrice. L’idée d’activer l’« instrument anti‑coercition » de l’UE, arme ultime qui pourrait cibler les géants technologiques américains ou limiter les investissements transatlantiques, gagne du terrain.

Cette crise commerciale, qui s’ajoute aux tensions récurrentes sur la défense et la sécurité, produit un effet inattendu : un sursaut européen dans l’opinion. Comme le note The New York Times, la défiance de Trump envers les alliés a renforcé la cohésion au sein de l’opinion publique européenne. La popularité de l’UE atteint des sommets, y compris dans des pays autrefois eurosceptiques comme le Danemark.

Au‑delà de la bataille des tarifs douaniers, c’est la place de l’Europe dans le nouvel ordre mondial qui se joue. L’Union doit devenir un acteur affirmé, capable de défendre ses intérêts face aux géants que sont les États‑Unis et la Chine. Alors que Trump continue d’agiter la menace douanière, Paris, Berlin et Bruxelles semblent pour une fois parler d’une seule voix. Reste à savoir si à l’approche de l’échéance Washington acceptera de reculer ou si le bras de fer se transformera en véritable guerre commerciale. The New York Times

EN BREF

🇮🇱 Israël – 🇵🇸 Palestine • Gaza étranglée entre famine et frappes : l’alerte des ONG

Plus d’une centaine d’ONG dénoncent une « famine de masse » qui s’étend rapidement dans la bande de Gaza, où les bombardements israéliens ont encore tué au moins 17 personnes aujourd’hui. Médecins du monde parle d’un « siège terrifiant » et appelle à « inonder le territoire » d’aide humanitaire, décrivant des humanitaires eux-mêmes affamés et des populations « à l’agonie par défaut de nourriture, d’eau, de soins ».

Paris, par la voix du Quai d’Orsay, affirme que ce risque de famine est « le résultat du blocus » imposé par Israël depuis mars, à peine assoupli fin mai. Jean-Noël Barrot, chef de la diplomatie française, dénonce des frappes contre des civils cherchant de la farine et réclame que la presse puisse accéder à l’enclave pour témoigner.

Au-delà des protestations, la France peine à peser sur le terrain. Faute d’actes forts, les appels à un cessez-le-feu restent sans effet face à la stratégie israélienne assumée de déplacement forcé des populations. Pendant ce temps, Gaza s’enfonce dans un drame humanitaire où les hôpitaux saturés voient mourir des enfants de malnutrition et des humanitaires tombent d’épuisement, laissant craindre une catastrophe encore plus vaste. franceinfo

🇺🇦 Ukraine • La réforme anticorruption met en péril l’adhésion du pays à l’UE

La décision de Volodymyr Zelensky de placer 2 agences anticorruption sous l’autorité directe d’un procureur général nommé par la présidence provoque une crise politique à Kyiv. Cette réforme, justifiée par le président au nom de la lutte contre l’infiltration russe, a entraîné les plus importantes manifestations dans la capitale depuis le début de la guerre.

À Bruxelles, plusieurs responsables européens redoutent un recul démocratique. Le commissaire Valdis Dombrovskis a rappelé que l’aide financière et le processus d’adhésion à l’UE dépendent de l’indépendance de ces organismes (le Bureau national anticorruption et le Parquet spécialisé). Les ambassadeurs du G7 à Kyiv ont exprimé des « préoccupations sérieuses ».

Emmanuel Macron, le président du Conseil européen António Costa et la présidente de la Commission Ursula Von der Leyen ont appelé Zelensky à revoir sa copie. Pour l’instant, Kyiv assure que l’indépendance institutionnelle sera préservée, mais la controverse met en péril la progression déjà lente de l’Ukraine vers l’Union européenne. The Financial Times

🇺🇦 Ukraine • Kyiv et Moscou reprennent langue à Istanbul

Une délégation ukrainienne conduite par le secrétaire du Conseil de sécurité nationale Rustem Oumerov est arrivée en Turquie aujourd’hui pour un 3e round de négociations avec la Russie. Les pourparlers doivent débuter ce soir au palais Ciragan d’Istanbul, après une escale à Ankara pour rencontrer des responsables turcs.

Moscou a confirmé l’envoi d’une équipe conduite par l’émissaire Vladimir Medinski. Si les deux précédentes sessions, en mai et juin, n’ont débouché que sur des échanges de prisonniers, Kyiv espère cette fois avancer vers une rencontre directe entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine.

Les priorités affichées par l’Ukraine incluent la libération de captifs civils et militaires ainsi que le retour d’enfants déportés. Kyiv a également proposé à 2 reprises un cessez‑le‑feu inconditionnel de 30 jours, soutenu par Washington, mais Moscou a rejeté l’idée, réaffirmant que ses objectifs seraient atteints « sur le champ de bataille ». The Kyiv Independent

🇯🇵 Japon • Shigeru Ishiba s’accroche malgré un revers électoral historique

Le Premier ministre Shigeru Ishiba a annoncé qu’il ne démissionnerait pas après la perte de la majorité de sa coalition au Sénat, un choc politique qui pourrait fragiliser Tokyo au moment où se négocient des accords commerciaux sensibles avec Washington. Le Parti libéral‑démocrate et son allié Komeito n’ont remporté que 47 des 50 sièges nécessaires pour garder le contrôle de la chambre haute, alimentant les spéculations sur une contestation interne.

Ce revers, sur fond d’inflation galopante et de mécontentement face à la hausse des prix du riz et aux scandales politiques, nourrit l’essor du petit parti nationaliste Sanseito, qui rafle 14 sièges grâce à un discours anti‑immigration et complotiste. BBC News

🇩🇪 Allemagne – 🇺🇦 Ukraine • Les Patriot promis à Kyiv se font attendre

Malgré des promesses répétées, la livraison de systèmes Patriot à l’Ukraine reste bloquée. Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a confirmé qu’il pousse ses alliés européens à céder des batteries de leurs propres stocks, mais celles-ci ne seront remplacées par l’industriel américain RTX qu’après plusieurs mois. L’Ukraine, frappée par des drones et des missiles russes, doit encore patienter. La recherche de cinq systèmes disponibles se poursuit, mais aucune décision immédiate n’a été prise, souligne Der Spiegel. Der Spiegel

🇲🇱 Mali • Human Rights Watch dénonce des exécutions sommaires imputées à l’armée et au Groupe Wagner

L’ONG accuse les forces armées maliennes et le Groupe Wagner d’avoir exécuté sommairement au moins 12 hommes peuls et fait disparaître de force plus de 80 autres depuis janvier. Les faits se seraient produits dans le cadre d’opérations anti-djihadistes menées dans les régions de Douentza, Kayes, Ségou et Tombouctou.

Selon l’ONG, des meurtres, des arrestations arbitraires et des tortures sont documentés. En avril, 65 éleveurs et marchands de bétail peuls du village de Sébabougou auraient été exécutés par des militaires maliens épaulés par des combattants de Wagner.

Le Groupe Wagner, qui soutenait Bamako depuis 2021, a annoncé son départ début juin, ses membres étant réintégrés dans l’Africa Corps sous contrôle russe. Le Monde

🇹🇻 Tuvalu – 🇦🇺 Australie • Un exode climatique massif se profile

Plus de 80 % des habitants de l’archipel des Tuvalu ont déposé une demande de visa climatique pour l’Australie, selon des chiffres communiqués par la mission diplomatique australienne. L’accord signé en 2024 permet à une partie de la population de migrer face à la montée inexorable des eaux.

Les Tuvalu, pays de moins de 11 000 habitants, subissent une érosion accélérée et la disparition progressive de plusieurs atolls. Les scientifiques redoutent que l’archipel devienne inhabitable avant la fin du siècle, forçant à terme un déplacement massif de sa population. Le Parisien