À l'ombre de sa parade militaire, Xi Jinping purge l'armée chinoise

LA UNE

À Pékin, Xi Jinping a célébré aujourd’hui en grande pompe le 80e anniversaire de la victoire chinoise contre le Japon. Missiles hypersoniques, drones sous-marins et blindés ont défilé sur l’avenue Chang’an, sous les yeux de Vladimir Poutine et de plus de 20 chefs d’État invités. Le message est clair : afficher la puissance militaire de la Chine et rappeler son ambition de rivaliser avec les États-Unis d’ici le milieu du siècle.

Derrière cette démonstration, une vaste purge secoue l’Armée populaire de libération (APL). Depuis deux ans, plus de 40 hauts responsables (dont deux ministres de la Défense et deux vice-présidents de la Commission militaire centrale) ont disparu ou ont été limogés. La campagne vise à éradiquer une corruption jugée endémique et à resserrer l’autorité du Parti. Elle touche particulièrement les secteurs stratégiques : forces nucléaires, industries de défense et département chargé des acquisitions d’armements.

Xi a fait de la modernisation militaire un pilier de son projet de « rêve chinois ». Depuis 2012, il a transformé une armée jugée obsolète en puissance navale mondiale et quadruplé l’arsenal nucléaire. Les services américains estiment qu’il veut que l’APL soit prête à envahir Taïwan d’ici 2027. La purge actuelle, sans précédent par son ampleur après plus d’une décennie de règne, traduit à la fois son contrôle et son insatisfaction face aux progrès réalisés.

Le dirigeant exige une armée « rouge et experte » : technologiquement avancée mais totalement loyale au Parti. Pour lui, la discipline politique est la clé de la combativité. La chute de figures naguère proches de Xi illustre aussi sa volonté de limiter toute autonomie des clans militaires. Des enquêtes ont révélé des fraudes dans la construction de silos de missiles et les achats d’armements, fragilisant à court terme les plans de modernisation. Mais Pékin parie que ce nettoyage renforcera, à long terme, la fiabilité de ses forces.

À la veille de son quatrième mandat attendu en 2027, Xi entend montrer qu’il reste seul maître des armes, et de l’avenir de la Chine. The Washington Post

EN BREF

🇺🇸 États-Unis • Donald Trump a affirmé que la Chine ne représente pas une menace militaire pour Washington, malgré le grand défilé de Pékin auquel participent Xi Jinping, Vladimir Poutine et Kim Jong-un. Le président américain a assuré avoir de « très bonnes relations » avec Xi et estimé que Pékin dépendait davantage de Washington que l’inverse. Confiant dans la supériorité militaire des États-Unis, il a jugé inimaginable que la Chine utilise ses forces contre eux.

🇷🇺 Russie - 🇺🇦 Ukraine • Moscou a lancé cette nuit une attaque massive avec 526 drones et missiles, visant notamment l’ouest du pays et touchant neuf régions, dont Kiev et Lviv, faisant au moins neuf morts et sept blessés. Des infrastructures essentielles ont été détruites, privant 30 000 personnes d’électricité. Volodymyr Zelensky a dénoncé « l’impunité » de Vladimir Poutine et appelé à de nouvelles sanctions, tandis que Sergueï Lavrov a réclamé la reconnaissance internationale des régions ukrainiennes annexées.

🇫🇷 France - 🇺🇦 Ukraine - 🇺🇸 États-Unis • Emmanuel Macron, Volodymyr Zelensky et plusieurs dirigeants européens s’entretiendront demain avec Donald Trump après leur sommet parisien sur les garanties de sécurité pour l’Ukraine. La réunion de la « coalition des volontaires », coprésidée par Macron et Starmer, doit rassembler une trentaine de pays prêts à renforcer le soutien militaire à Kiev. Zelensky souhaite profiter de cet échange pour plaider en faveur de nouvelles sanctions contre la Russie.

🇮🇱 Israël • Le chef d’état-major Eyal Zamir s’oppose au projet de Benyamin Netanyahou de lancer une offensive sur Gaza-Ville, jugeant l’opération trop risquée pour les 48 otages encore détenus et lourde de conséquences humanitaires. Des réservistes réunis sous la bannière « Soldats pour les otages » refusent déjà d’y participer, tandis que certains ministres du Likoud soutiennent l’armée face au Premier ministre, qui campe sur une libération totale des captifs avant toute trêve. Cette confrontation accentue les fractures entre pouvoir politique et Tsahal.

🇪🇸 Espagne • Pedro Sánchez juge que la réponse européenne à la guerre de Gaza est « un échec », dénonçant un « double standard » par rapport à l’Ukraine qui mine la crédibilité de l’Occident. Le Premier ministre espagnol, premier dirigeant européen à qualifier l’offensive israélienne de génocide, estime que Gaza constitue « l’un des épisodes les plus sombres » des relations internationales au XXIᵉ siècle et appelle l’UE à suspendre son partenariat stratégique avec Israël et à agir de façon plus cohérente sur la scène mondiale. The Guardian

🇱🇧 Liban – 🇮🇱 Israël • La Finul a dénoncé une « grave attaque » de drones israéliens ayant largué quatre grenades près de ses casques bleus au sud du Liban, sans faire de blessés. L’ONU rappelle que l’armée israélienne avait été informée des opérations de déblaiement en cours et dénonce une violation du droit international et de la résolution 1701. Cette attaque, jugée l’une des plus sérieuses depuis la fin de la guerre Israël-Hezbollah en novembre 2024, survient alors que le Conseil de sécurité a fixé le retrait des casques bleus à 2027.

🇵🇰 Pakistan • L’État islamique a revendiqué l’attentat-suicide d’hier contre un meeting du Balochistan National Party à Quetta, qui a fait 15 morts et 38 blessés. Le kamikaze a déclenché une charge explosive sur le parking d’un stade où des centaines de militants étaient rassemblés. La province du Baloutchistan, frontalière de l’Iran et de l’Afghanistan, est régulièrement frappée par des attaques de la branche régionale de l’EI ou de groupes séparatistes baloutches dénonçant l’exploitation de ses ressources par les autorités fédérales et des investisseurs étrangers.

🇪🇺 Union européenne – 🇧🇷 Mercosur • La Commission européenne a approuvé l’accord de libre-échange avec le Mercosur, présenté comme le plus vaste jamais signé. Le texte prévoit la suppression de plus de 4 milliards d’euros de droits de douane annuels sur les exportations européennes et l’ouverture encadrée du marché agricole européen, avec quotas et clause de sauvegarde pour protéger les filières sensibles. Soutenu par Paris grâce à ces garde-fous, l’accord doit encore franchir l’étape du Parlement européen, où son adoption reste incertaine, et la validation des 27.

🇹🇭 Thaïlande • Le parti au pouvoir demande la dissolution du Parlement et de nouvelles élections pour sortir de la crise politique, après la destitution de la Première ministre Paetongtarn Shinawatra par la Cour constitutionnelle pour manquement éthique. Le principal parti d’opposition soutient de son côté Anutin Charnvirakul, chef du Bhumjaithai, à condition qu’il convoque des législatives dans les quatre mois et engage une réforme constitutionnelle. Le roi Maha Vajiralongkorn doit décider s’il accepte la dissolution demandée.

CONFLITS